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Un système de communication augmenté multimodal : le programme Makaton


Le Programme Makaton est l’un des systèmes de communication augmentée le plus utilisé en Grande-Bretagne?. Il est constitué d’un lexique ouvert comportant un vocabulaire fonctionnel de base (vocabulaire Makaton), qui est enseigné avec des signes et des symboles sous-tendus par le langage oral.

Le vocabulaire Makaton fut conçu en 1972 par Margaret Walker, orthophoniste, comme réponse aux besoins d’adultes sourds présentant d’importantes difficultés d’apprentissage et résidant dans une institution. Cette approche fut ensuite utilisée avec succès chez les adultes et enfants entendants présentant des troubles de l’apprentissage au sein de cette même institution. L’intérêt grandit peu à peu et en 1978 fut crée le MVDP (Makaton Vocabulary Development Projet).

Les utilisateurs du Makaton sont très divers : enfants, adultes, présentant des retards mentaux, autistes, sujets présentant des troubles spécifiques sévères du développement du langage, personnes ayant des handicaps sensoriels ou une pathologie neurologique acquise affectant la communication (aphasie par exemple).
Les étudiants présentant des troubles sévères des apprentissages ont souvent des difficultés de planification, de rétention et de rappel. Leurs possibilités de généralisation sont également limitées. L’étendue du vocabulaire proposé est restreinte et il faut d’emblée favoriser une utilisation hors des situations académiques ou rééducatives.

Par ailleurs, pour être fonctionnel, un système de communication augmenté doit être simple à apprendre, utilisable immédiatement, et doit mettre en confiance rapidement l’étudiant.

Ces considérations ont sous-entendu la conception du vocabulaire Makaton qui est basé sur quatre principes fondamentaux:
  • 1. cibler l’apprentissage sur l’enseignement d’un vocabulaire de base retreint en quantité, mais très fonctionnel;
  • 2. organiser ce vocabulaire en niveaux;
  • 3. personnalisation du vocabulaire en fonction des besoins spécifiques de chaque sujet;
  • 4. combiner l’utilisation de différentes modalités de communication, gestes, symboles, langage oral.

Le vocabulaire de base

Il est constitué de 450 concepts structurés en huit niveaux auxquels s’ajoute un niveau supplémentaire ouvert.
Ce vocabulaire de base est conçu en tenant compte des travaux de Mein et O’Connor? qui comparèrent le vocabulaire et le niveau de langage d’adultes institutionnalisés présentant des déficiences mentales sévères à celui d’enfants scolarisés âgés de 5 ans et demi à 6 ans et demi. L’étude mit en évidence que les deux groupes utilisaient fréquemment un vocabulaire restreint (ils avaient bien sûr accès à un vocabulaire plus vaste dans des circonstances particulières). L’étendue de ce vocabulaire de base était de 350 mots dans le groupe d‘adulte et de 270 mots dans le groupe d’enfants. Plus récemment Guillham étudia les 100 premiers mots émis par 14 enfants normaux et trouva un total de 383 mots différents produits.

L’organisation du vocabulaire

Au début de l’utilisation du vocabulaire Makaton, on remarqua que certains concepts étaient nécessaires plus précocement ou plus fréquemment que d’autres. C’est ainsi que naquit cette organisation séquentielle. L’enseignement commence par une série de mots qui sont en rapport avec les besoins élémentaires du sujet et permettant de structurer l’interaction (niveau 1) (tableau 1). Quand l’étudiant paraît compétent dans ce niveau, le vocabulaire peut s’étendre, couvrant les besoins liés à l’environnement familial, puis éducatif, avant de s’intéresser à une communauté plus large, ainsi passe-t-on du niveau 2 au niveau 8.

Au sein de chaque niveau, toutes les catégories grammaticales sont représentées : noms communs, verbes, pronoms personnels, possessifs, adjectifs, conjonctions... Dès le niveau 1, les items lexicaux peuvent être combinés en petites phrases, l’introduction de nouveaux items permettant de varier les combinaisons, ce qui augmente l’informativité du sujet.

Cette structuration permet en outre aux enseignants d’adapter leur discours au niveau atteint par l’étudiant, ce qui est particulièrement intéressant au niveau institutionnel.

Personnalisation du vocabulaire

Le vocabulaire Makaton est personnalisé pour chaque étudiant en enlevant dans chaque niveau, les items qui ne sont pas pertinents dans sa situation et en attribuant un ordre de priorité pour chaque item sélectionné. Un item du niveau 8 peut très bien être introduit en tout début d’apprentissage si ceci est jugé nécessaire. Par contre si un sujet n’a pas de frère, ce mot ne sera pas enseigné bien que faisant parti du niveau 1. L’utilisation des items du vocabulaire complémentaire est encouragée si cela est nécessaire compte tenu de l’environnement spécifique du sujet.

Utilisation combinée des différentes modalités

Les individus devraient avoir la possibilité d’utiliser tous les modes de communication appropriés à leurs besoins : les signes (gestes) et les symboles (pictogrammes) sont considérés comme complémentaires les uns des autres, avec cependant une priorité accordée aux signes au début de l’apprentissage. Signes et pictogrammes sont introduits dans le Makaton toujours accompagnés du langage oral.

Les signes ont été reconnus comme pouvant être aide dans Ie processus de médiation pour l’acquisition des symboles et des mots parlés. Ils peuvent également fournir un moyen d’expression pour les étudiants sans langage ou ceux dont l’intelligibilité est très réduite.

Les symboles offrent un avantage particulier dans l’enseignement du langage car ils fournissent une image visuelle constante et peuvent être manipulés. Ils peuvent également être utilisés pour favoriser le développement du langage écrit. On peut aussi les utiliser pour donner des instructions afin de développer l’autonomie des étudiants.

Beaucoup d’entre eux ne peuvent accéder au langage écrit (abord global) que par l’intermédiaire des pictogrammes ; pour certains, les symboles graphiques peuvent être un tremplin vers une transcription plus traditionnelle.

Les enseignants peuvent adopter la modalité qui leur paraît la plus appropriée à la situation. Les préférences de l’étudiant et ses capacités dans chaque domaine doivent, de toute façon, être évaluées avec soin.



Créé par: admin dernière modification: Dimanche 08 dJuin, 2008 [07:44:11 UTC] par admin